le pasteur, faisant un soubresaut et joignant les mains. — Mais… miséricorde !
oswald. — Quoi ?
le pasteur. — Vivre avec… la mère de ses enfants ?
oswald. — Oui ; préféreriez-vous qu’on la repoussât ?
le pasteur. — Ainsi, c’est de relations illégitimes que vous parlez, de ces faux ménages, comme on les appelle.
oswald. — Je n’ai jamais remarqué rien de faux dans cette vie en commun.
le pasteur. — Mais comment se peut-il qu’un homme ou une jeune femme qui ont… ne fût-ce qu’un peu d’éducation, s’accommodent d’une existence de ce genre, aux yeux de tout le monde ?
oswald. — Eh ! que voulez-vous qu’ils fassent ? Un jeune artiste pauvre, une jeune fille pauvre… Il faut beaucoup d’argent pour se marier. Que voulez-vous qu’ils fassent ?
le pasteur. — Ce que je veux qu’ils fassent ? Ecoutez, monsieur Alving, je vais vous dire, moi, ce qu’il faut qu’ils fassent. Ils doivent vivre loin l’un de l’autre au début… : voilà ce qu’ils doivent faire.
oswald. — Ce discours ne vous servirait pas à grand’chose auprès de nous autres, jeunes hommes, passionnés, amoureux.