le pasteur. — Ah, si l’on peut dire !…
madame alving. — Mais, au fait, qu’avez-vous à reprocher à ces livres ?
le pasteur. — Je ne leur reproche rien. Vous n’allez pas croire que je m’occupe à examiner de telles œuvres ?
madame alving. — Cela veut dire que vous ne connaissez pas du tout ce que vous condamnez.
le pasteur. — J’ai assez lu de ce qui a été dit de ces livres pour les blâmer.
madame alving. — Oui, mais votre propre opinion…
le pasteur. — Chère madame, il y a des occasions dans cette vie où l’on doit se rapporter au jugement des autres. Que voulez-vous ! c’est un fait et cela est bien. Que deviendrait la société s’il en était autrement ?
madame alving. — Vraiment ! vous avez peut-être raison.
le pasteur. — Je ne nie pas, d’ailleurs, qu’il puisse y avoir quelque chose d’attrayant dans ces écrits. Et je ne puis pas non plus vous reprocher de vouloir connaître les courants intellectuels qui, dit-on, traversent ce monde… où vous avez laissé votre fils errer si longtemps. Mais…
madame alving. — Mais… ?
le pasteur, baissant la voix. — Mais il ne faut pas en parler, madame Alving. On n’a vraiment pas