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LES REVENANTS

engstrand. — Bah ! ne te soucie pas de cela…

régine. — Combien de fois m’as-tu appelée une… ? Fi donc ! Fi !

engstrand. — Non, juste Dieu, non, je ne me suis jamais servi d’un aussi vilain terme.

régine. — Oh ! je me souviens parfaitement des mots que tu employais.

engstrand. — C’était seulement lorsque j’étais en pointe de vin, hum. Le monde offre tant de tentations, Régine.

régine. — Pouah !

engstrand. — Et puis, c’était encore parce que ta mère faisait sa tête. Il me fallait bien trouver quelque chose pour la mater, mon enfant. Elle faisait toujours la mijaurée. (Imitant.) « Je t’en prie, Engstrand ! veux-tu bien me laisser ! J’ai servi trois ans chez le chambellan Alving, à Rosenvold, moi. » (Souriant.) Ah ! bon Jésus ! elle ne pouvait pas oublier que le capitaine, à l’époque où elle était chez lui, avait été promu chambellan.

régine. — Pauvre mère ! Elle ne t’a pas embarrassé longtemps ; lui en as-tu assez fait !

engstrand, avec un mouvement qui le fait boiter. — Bien entendu ; c’est toujours ma faute.

régine, se détournant, à demi-voix. — Ouf ! Et puis, cette jambe !

engstrand. — Que dis-tu, mon enfant ?