Page:Ibsen - Les Revenants, La Maison de poupée, trad. Prozor, 1892.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE PREMIER


Une vaste pièce prenant jour sur la mer. Porte à gauche. Deux portes à droite. Au milieu de la pièce une table ronde entourée de chaises ; sur la table, des livres, revues et journaux. Au premier plan à gauche, une fenêtre, devant laquelle un petit sofa et une table à ouvrage. Au fond, un jardin d’hiver vitré, ouvert en baie sur la pièce. À droite du jardin d’hiver, une porte par laquelle on sort pour descendre sur la grève. Derrière les vitres, le fiord apparaît, mélancolique, à travers un voile de pluie.


Engstrand se tient à l’entrée qui mène à la grève. Il a la jambe gauche plus courte que l’autre et, sous le pied, une semelle de bois. Régine, un arrosoir vide à la main, cherche à l’empêcher d’avancer.


régine, à demi-voix. — Qu’est-ce que tu veux ? Tiens-toi donc tranquille. Tu es tout ruisselant de pluie.

engstrand. — C’est la pluie du bon Dieu, mon enfant.

régine. — Dis plutôt une pluie du diable.