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THÉATRE

de tout cela. Là-bas, ces sortes d’enseignements ne trouvent plus de croyants. Là-bas, on peut se sentir plein de joie et de félicité, rien que parce qu’on vit. Mère, as-tu remarqué que tout ce que j’ai peint tourne autour de la joie de vivre ? La joie de vivre, partout et toujours. Là, tout est lumière, rayon de soleil, air de fête… et les figures humaines resplendissent de contentement. Voilà pourquoi j’ai peur de rester ici.

madame alving. — Peur ? De quoi as-tu peur chez moi ?

oswald. — J’ai peur que tout ce qui fermente en moi ne se transforme en mal ici.

madame alving, le regardant fixement. — Tu crois cela possible ?

oswald. — J’en suis absolument sûr. Je pourrais essayer de mener ici la même vie que là-bas : et ce ne serait pourtant pas la même chose.

madame alving, qui a écouté avec une attention croissante, se levant et fixant sur lui un regard profond et pensif. — Maintenant, je saisis tout !

oswald. — Quoi ?

madame alving. — C’est la première fois que je vois la vérité, et maintenant je puis parler.

oswald, se levant. — Mère, je ne te comprends pas.

régine, qui s’est également levée. — Peut-être dois-je sortir ?