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THÉATRE

madame alving. — Oui, mais, mon cher Oswald…

oswald. — Ne t’oppose pas à cela, mère. Sois gentille. Il me faut quelque chose pour noyer toutes les pensées qui me rongent. (Il entre dans le jardin d’hiver.) Et puis cette obscurité qui règne ici !

madame alving. Elle tire un cordon de sonnette à droite.

oswald. — Et cette pluie continuelle ! Une semaine après l’autre, et des mois entiers, cela peut durer sans interruption. Jamais un rayon de soleil ! Dans tous les séjours que j’ai faits à la maison, je ne m’en rappelle pas un où il y ait eu du soleil.

madame alving. — Oswald, tu penses à me quitter.

oswald. — Hm… (Soupirant profondément.) Je ne pense à rien. Je ne puis penser à rien. (Baissant la voix.) Je m’en garde bien.

régine, venant de la salle à manger. — Madame a sonné ?

madame alving. — Oui, apportez-nous la lampe.

régine. — Tout de suite, madame. Elle est allumée.

(Elle s’en va.)

madame alving, s’approchant d’Oswald. — Oswald, ne dissimule pas avec moi.

oswald. — Je ne te cache rien, mère. (S’approchant de la table.) Il me semble que je t’ai fait beaucoup d’aveux…

(Régine apporte la lampe et la pose sur la table.)