oswald. — Mais tu as si bien pu vivre sans moi jusqu’à présent.
madame alving. — Oui, j’ai vécu sans toi, c’est vrai…
oswald, s’arrêtant devant Mme Alving. — Mère, puis-je m’asseoir sur le sofa près de toi ?
madame alving, lui faisant de la place. — Oui, viens, viens, mon cher garçon.
oswald, s’asseyant. — Maintenant, il faut que je te dise quelque chose, mère.
madame alving, l’oreille tendue. — Quoi ?
oswald, regardant fixement devant lui. — Je ne puis pas garder cela plus longtemps sur le cœur.
madame alving. — Garder quoi ? Qu’y a-t-il ?
oswald. Même jeu. — Je n’ai pas pu prendre sur moi de t’écrire à ce sujet ; et depuis mon retour…
madame alving, lui saisissant le bras. — Oswald ! Qu’est-ce donc ?
oswald. — Hier et aujourd’hui, j’ai essayé de me délivrer de mes pensées… de les secouer. Rien n’y fait.
madame alving, se levant brusquement. — Tu vas tout me dire, Oswald.
oswald, la faisant se rasseoir. — Reste là. J’essaierai. Je me suis plaint d’une fatigue causée par le voyage…