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hedwige. — C’est un vieux capitaine qui a demeuré ici et qui les a apportées. On l’appelait « le Hollandais volant ». C’est bien drôle, parce qu’il n’était pas Hollandais.

grégoire. — Vraiment ?

hedwige. — Non. Et puis il n’est pas revenu et tout ça est encore là.

grégoire. — Dites-moi maintenant… quand vous regardez ces images, l’envie ne vous vient-elle jamais de voir vous-même le monde, le vrai monde, tel qu’il est ?

hedwige. — Oh non ! Je veux toujours rester à la maison pour aider papa et maman.

grégoire. — À retoucher des photographies ?

hedwige. — Oh ! ce n’est pas seulement ça. Je voudrais surtout apprendre à graver des images, comme celles qui sont dans les livres anglais.

grégoire. — Et… qu’en dit votre père ?

hedwige. — Je ne crois pas que ce soit dans les idées de papa. Il est drôle, papa. Pensez donc, il dit que je dois apprendre à tresser des corbeilles et à rempailler. Mais cela ne me plaît pas, à moi.

grégoire. — À moi non plus.

hedwige. — Seulement, papa a naturellement raison de dire que si j’avais appris à tresser, j’aurais pu faire le nouveau panier pour le canard.

grégoire. — Mais oui, et c’était là votre affaire avant tout.