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hedwige. — Pas du tout ! Donne-moi le pinceau.

hialmar, se levant. — Enfin, ce ne serait que pour une minute ou deux.

hedwige. — Tu vois bien. Quel mal cela pourrait-il me faire ? (Elle prend le pinceau.) Comme çà. (Elle s’assied.) Et voici un modèle.

hialmar. — Mais il ne faut pas t’abîmer les yeux, tu entends : ce n’est pas moi qui suis responsable, c’est toi… toi toute seule… tu sais.

hedwige, retouchant. — Oui, oui, c’est moi, rien que moi.

hialmar. — Tu es très adroite. Hedwige. Rien que deux minutes, tu sais.

(Il passe avec précaution sous un pan du rideau et entre au grenier. Hedwige travaille. On entend les voix d’Hialmar et d’Ekdal qui se disputent.)

hialmar, se montrant de l’autre côté du filet. — Hedwige, donne-moi les tenailles qui sont sur l’étagère, et puis le marteau, je t’en prie. (Se retournant.) Maintenant tu vas voir, père. Laisse-moi seulement te montrer comment je l’entends.

hedwige va chercher les outils et les lui passe.

hialmar. — C’est bien, merci. Il était temps, tu sais.

(Il s’éloigne de la porte. On entend des coups de marteau et le bruit de leur conversation.)

hedwige s’arrête à les regarder. Au bout d’un moment on frappe à la porte d’entrée, mais elle n’y prend pas garde.