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Combien de temps y a-t-il que vous êtes mariés ?

gina. — Nous sommes mariés depuis, — oui, depuis bientôt quinze ans.

grégoire. — Vraiment, il y a si longtemps que cela !

gina, le regardant avec plus d’attention. — Pour sûr que oui.

hialmar. — Certainement, quinze ans, à quelques mois près. (Changeant de ton.) — Cela t’a paru long, toutes ces années passées à l’usine, dis, Grégoire ?

grégoire. — Cela me paraissait long tant que j’étais là ; — maintenant, que je regarde en arrière, je ne sais pas comment le temps a passé.

(Le père Ekdal rentre, sans sa pipe, une vieille casquette d’uniforme sur la tête, d’un pas un peu chancelant.)

ekdal. — Allons, Hialmar, maintenant nous pouvons nous asseoir et parler de cette affaire — hein ?… Qu’est-ce que c’était donc ?

hialmar, allant à sa rencontre. — Père, il y a quelqu’un. Grégoire Werlé : je ne sais si tu te souviens de lui.

ekdal, regardant Grégoire, qui s’est levé. — Werlé ? C’est le fils, ça ? Qu’est-ce qu’il me veut, lui ?

hialmar. — Rien. C’est moi qu’il vient voir.