Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gina. — Tu ne leur as pas dit ça, au moins ?

hialmar, fredonnant. — Oh, oh, oh ! Ils en ont entendu un peu sur tous les tons.

ekdal. — Vraiment, si chambellans qu’ils soient !

hialmar. — Cela ne leur a servi à rien. (Changeant de ton.) Après cela, nous avons eu une petite dispute au sujet du tokay.

ekdal. — Du tokay, dis-tu ? Un vin très fin, sans doute ?

hialmar, s’arrêtant. — Il peut être très fin. Mais les années ne sont pas également bonnes, vois-tu. Cela dépend du plus ou moins de soleil qu’il y a eu.

gina. — Tu sais tout, Ekdal !

ekdal. — Et ils ont pu se disputer à cause de ça ?

hialmar. — Ils ont manqué le faire ; mais alors ils ont appris que les chambellans sont dans le même cas. Pour eux aussi, il y a année et année. On le leur a bien dit.

gina. — Tu trouves toujours le mot qu’il faut.

ekdal. — Tiens, tiens ! Et ils ont avalé ça ?

hialmar. — En plein.

ekdal. — Tu entends, Gina, il leur a envoyé ça en plein, à tous ces chambellans.

gina. — Vraiment ! En plein !

hialmar. — Oui ; mais je ne veux pas qu’on en parle. Il ne faudrait pas répandre ces choses-là.