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chambellan Kaspersen, et le chambellan un tel ; je ne me souviens plus…

ekdal, hochant la tête. — Tu entends, Gina ! Il a été dans une société où il n’y avait que des chambellans, rien que des chambellans.

gina. — La maison est devenue très élégante, c’est sûr.

hedwige. — Les chambellans ont-ils chanté, papa ? Ou peut-être qu’ils ont récité quelque chose ?

hialmar. — Non ; ils n’ont fait que bavarder. Puis, ils ont voulu me faire déclamer ; mais je n’ai pas voulu.

ekdal. — Pas voulu, dis-tu ?

gina. — Tu aurais bien pu le faire, il me semble.

hialmar. — Non ; on ne doit pas être à la sonnette de tout le monde. (Se promenant par la chambre.) Dans tous les cas, ce n’est pas dans mon caractère.

ekdal. — Non, non, Hialmar n’est pas un homme à ça, lui.

hialmar. — Je ne vois pas pourquoi je me chargerais de divertir les autres, pour une fois que je vais dans le monde. Les autres n’ont qu’à s’échiner. Ces gaillards-là ne vont-ils pas de maison en maison, boire et manger, et cela tous les jours de l’année ? Qu’ils aient la bonté, alors, de se rendre utiles, en échange de tout ce qu’on leur offre.