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hedwige. — Vraiment ! Tant que ça ?

gina. — Juste huit couronnes cinquante.

(Un silence. Gina reprend son ouvrage. Hedwige prend du papier et un crayon et se met à dessiner, en se faisant un abat-jour de la main gauche.)

hedwige. — N’est-ce pas amusant que papa ait été invité à un grand dîner chez monsieur Werlé ?

gina. — On ne peut pas dire qu’il dîne chez monsieur Werlé. C’est le fils qui lui a envoyé une invitation. (Une pause.) Nous n’avons rien à démêler avec monsieur Werlé.

hedwige. Je me réjouis tant de voir rentrer papa. Il m’a promis de m’apporter quelque chose de bon qu’il voulait demander pour moi à madame Sœrby.

gina. — Oui, il y a de bonnes choses, là-bas, tu peux y compter.

hedwige, dessine, pendant la scène suivante. — Et puis, il me semble que j’ai un peu faim, sais-tu.

(Le vieil Ekdal entre par la porte du palier, son rouleau de papier sous le bras. Un autre paquet sort de la poche de sa redingote.)

gina. — Comme grand-père rentre tard ce soir.

ekdal — Ils avaient fermé les bureaux. Obligé d’attendre chez Graberg et de passer par… —

hedwige. — T’ont-ils donné de la nouvelle copie, grand-père ?

ekdal — Oui, tout ça. Vois un peu.

gina. — C’est très bien.