Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs fois Hedwige en dessous. Hedwige !

(Hedwige n’entend pas.)

gina, plus fort. — Hedwige !

hedwige, écartant les mains, et levant les yeux. — Oui, maman.

gina. — Chère Hedwige, il ne faut pas tant lire.

hedwige. — Oh ! maman, laisse-moi lire encore un peu. Un tout petit peu.

gina. — Non, non, ferme le livre. Papa ne le veut pas ; lui-même ne lit jamais le soir.

hedwige, fermant le livre. — C’est que papa n’en a pas tant envie que moi !

gina, déposant son ouvrage, prend un crayon et un petit livre de notes. — Te souviens-tu combien nous avons dépensé pour le beurre aujourd’hui ?

hedwige. — Une couronne soixante-cinq.

gina. — C’est juste. (Elle note.) C’est effrayant, ce que nous dépensons pour le beurre. Il y a aussi les saucissons, le fromage, et puis, voyons le jambon, hum (additionnant) voilà déjà…

hedwige. — Et puis la bière.

gina. — C’est vrai, la bière… (additionnant). Ça fait un joli chiffre. Mais on n’y peut rien.

hedwige. — Et puis, comme papa était absent, nous avons pu nous passer de plat chaud à dîner.

gina. — Oui, et c’est bien heureux. Avec ça, j’ai touché huit couronnes cinquante pour des photographies.