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qui me détermineraient, peut-être, à aller m’établir là-haut : au moins pour quelque temps.

grégoire. — Je ne me figure pas cela.

werlé. — Écoute-moi, Grégoire, il y a tant de choses qui nous séparent : mais cela n’empêche pas que je sois ton père et que tu sois mon fils. Il me semble que nous pourrions arriver à une entente.

grégoire. — Apparente, veux-tu dire.

werlé. — Enfin, ce serait toujours cela de gagné. Réfléchis, Grégoire. Ne crois-tu pas que cela pourrait se faire ? Dis ?

grégoire, le regardant froidement. — Il y a quelque chose là-dessous.

werlé. — Comment cela ?

grégoire. — Je dois pouvoir t’être utile à quelque chose.

werlé. — Quand on se tient de si près, on peut toujours s’être utile l’un à l’autre.

grégoire. — Oui, on dit cela.

werlé. — Je voudrais maintenant te garder quelque temps à la maison. Je suis seul, Grégoire, je me suis toujours senti seul, — durant toute ma vie ; et surtout maintenant, que je commence à me faire vieux. J’ai besoin de quelqu’un près de moi, je…

grégoire. — Tu as Mme Sœrby.

werlé. — Oui, c’est vrai, et je te dirai même