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musique. — Ne voulez-vous pas que nous fassions de la musique ensemble, madame Sœrby ?

madame sœrby. — Volontiers.

les convives. — Bravo, bravo !

(Elle passe dans l’autre chambre et tourne à droite, suivie de tous les invités. Werlé cherche quelque chose sur son bureau et semble désirer que Grégoire s’en aille. Voyant que celui-ci ne bouge pas, il se dirige vers la porte d’entrée.)

Grégoire. — Un instant, mon père.

werlé, s’arrêtant. — Qu’y a-t-il ?

grégoire. — Je voudrais te parler.

werlé. — Ne peux-tu pas attendre que nous soyons seuls ?

grégoire. — Non, je ne peux pas. Il est possible que nous ne soyons plus jamais seuls.

werlé, se rapprochant. — Que veux-tu dire ?

(Pendant la scène suivante, on entend au loin le son d’un piano.)

grégoire. — Comment a-t-on pu laisser cette famille s’effondrer aussi misérablement ?

werlé. — Tu parles des Ekdal, je pense.

grégoire. — Oui, je parle des Ekdal. Il y eut cependant un temps, où le lieutenant Ekdal te tenait de bien près.

werlé. — Oui, malheureusement, il me tenait de trop près. J’en ai assez souffert pendant de longues années. Grâce à lui, une sorte d’éclaboussure a rejailli sur mon nom.