Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
ROSMERSHOLM

n’y a-t-il donc rien, rien qui puisse te convaincre ?

rosmer, tressaille comme saisi d’angoisse. — Ne touche pas à cette question ! N’y touche pas, Rébecca ! Pas un mot de plus, pas un mot !

rébecca. — Si, il faut que nous en parlions. Connaîtrais-tu un remède contre le doute ? Moi, je n’en connais pas un seul.

rosmer. — C’est heureux pour toi, heureux pour nous deux.

rébecca. — Non, non, non, voilà qui ne me suffit pas ! Si tu sais un moyen de me justifier à tes yeux, c’est mon droit d’en être informée et je le réclame. Nomme-le moi.

rosmer. — Il semble entraîné, contre sa propre volonté, à dire ce qui suit. — Voyons, alors. Tu te dis pénétrée d’un grand amour ! tu prétends que j’ai ennobli ton être. Est-ce bien vrai ? As-tu bien fait tes comptes ? Veux-tu que nous les vérifions, dis ?

rébecca. — Je suis prête,

rosmer. — Quand le ferons-nous ?

rébecca. — Quand tu voudras. Le plus tôt sera le mieux.

rosmer. — C’est bien, Rébecca. Voyons alors si, par amour pour moi, tu serais prête, ce soir encore. (S’interrompant.) Ah non, non, non !