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ROSMERSHOLM

l’oreille gauche, si admirablement moulée. {{di|(Il lâche la main de Rébecca et se tourne vers Rosmer.) Adieu, Jean le Victorieux.

rosmer. — Vous partez ? Par cette nuit noire ?

brendel. — La nuit noire, c’est encore là ce qu’il y a de mieux. Que la paix soit avec vous.

(Il sort.)
(Un instant de silence.)

rébecca, respirant péniblement. — Ah qu’il fait lourd et étouffant ici !

(Elle s’approche de la fenêtre qu’elle ouvre.)

rosmer, s’asseyant sur le fauteuil, au coin de la cheminée. — Je vois bien, Rébecca, qu’il n’y a en effet, qu’une chose à faire : il faut que tu partes.

rébecca. — Oui, il n’y a pas de choix, que je sache.

rosmer. — Jouissons au moins de nos derniers instants : viens t’asseoir près de moi.

rébecca, allant se placer sur le sofa. — Qu’as-tu à me dire Rosmer ?

rosmer. — D’abord, je tiens à te déclarer que tu dois être sans inquiétude pour ton avenir.

rébecca, avec un sourire. — Hum. Mon avenir.

rosmer. — J’ai songé à toutes les éventualités, et cela depuis longtemps. Quoi qu’il arrive, ton sort est assuré.

rébecca. — Tu as pensé même à cela, mon ami !

rosmer. — Tu aurais pu le prévoir.