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ROSMERSHOLM

nous tutoyons. C’est une suite naturelle des relations qui existent entre nous.

kroll. — C’est donc cela que vous vouliez m’apprendre ?

rébecca. — Cela, et autre chose encore.

rosmer, se rapprochant. — Quelle est le motif de ta visite d’aujourd’hui ?

kroll. — J’ai voulu essayer encore une fois de t’arrêter, de te reprendre.

rosmer, montrant le journal. — Après ce qui est écrit-là ?

kroll. — Ce n’est pas de moi.

rosmer. — As-tu fait quelque démarche pour l’empêcher ?

kroll. — C’eût été manquer à la cause que je sers. D’ailleurs cela ne dépendait pas de moi.

rébecca, déchire le journal, en froisse les morceaux et les jette dans la cheminée. — Voilà. C’est loin des yeux : que ce soit aussi loin du cœur. Car il n’arrivera plus rien de pareil, Rosmer.

kroll. — Puissiez-vous faire en sorte que ce soit vrai.

rébecca. — Asseyons-nous, mes amis, tous les trois. Je vais tout vous dire.

rosmer, lui obéissant involontairement. — Qu’as-tu, Rébecca ? D’où te vient ce calme effrayant ? Qu’y a-t-il ?