Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
ROSMERSHOLM

qu’ils se sont légués de génération en génération.

rébecca, d’un air pensif. — C’est bien vrai : Jean Rosmer tient à sa race par de fortes racines.

kroll. — Oui ; et si vous aviez été bonne pour lui, vous en auriez tenu compte ; mais probablement vous ne pouvez pas vous arrêter à des considérations de ce genre. Votre point de départ est entièrement différent du sien.

rébecca. — De quel point de départ parlez-vous ?

kroll. — Je parle d’origines et d’extraction, mademoiselle West.

rébecca. — Eh bien, oui. C’est vrai, je suis d’une très humble extraction. Cependant…

kroll. — Ce n’est pas à la classe ou à la situation sociale que je fais allusion. Je pense aux origines morales.

rébecca. — Quelles origines ?

kroll. — À ce qui a présidé à votre naissance.

rébecca. — Vous dites ?

kroll. — Je n’en parle que parce que cela explique toute votre conduite.

rébecca. — Je ne vous comprends pas. Je demande une explication claire et nette. Venez au fait.

kroll. — Je croyais vraiment que vous étiez au fait. Il serait étrange, sans cela, que vous vous fussiez laissé adopter par le docteur West.