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de ton père. Et comme il a eu la bonté de me venir en aide…

grégoire. — Ah, il a fait cela ?

hialmar. — Oui ; tu ne le savais pas ? Comment aurais-je pu, sans cela, trouver de quoi apprendre le métier de photographe, monter un atelier, m’établir, enfin. Cela coûte de l’argent, tu sais.

grégoire. — Et c’est mon père qui te l’a avancé ?

hialmar. — Oui, mon ami. Mais comment se fait-il que tu l’ignores ? J’ai cru comprendre qu’il te l’avait écrit.

grégoire. — Il ne m’a jamais écrit que c’était lui. Il l’aura oublié. D’ailleurs nous n’échangeons que des lettres d’affaires. Ainsi, c’était mon père !

hialmar. — Oui, c’était lui. Il a toujours tenu à ce qu’on l’ignorât. Mais c’était bien lui. Et c’est encore grâce à lui que j’ai pu me marier. Serait-ce aussi du nouveau pour toi ?

grégoire. — Assurément. (Lui prenant le bras.) Ah, mon cher Hialmar, tu ne saurais croire combien je suis heureux de ce que tu m’apprends et quelle peine cela me fait en même temps. J’ai peut-être été injuste envers mon père jusqu’à un certain point. Oui, car enfin, tout cela prouve du cœur. Il y a là une certaine conscience.

hialmar. — Tu dis conscience ?

grégoire. — Oui, si tu veux. Non, je ne saurais te dire quel bonheur j’éprouve à apprendre tout