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ROSMERSHOLM

mme helseth. — Oh, il se pourrait qu’il y eût d’autres que les petites gens qui…

rébecca, la regardant à la dérobée. — Vraiment.

mme helseth, frottant et nettoyant énergiquement le sofa. — Il se pourrait bien, mademoiselle, que ce fût arrivé à des gens dont on n’aurait jamais pu le croire.

rébecca, rangeant les pots de fleurs. — Cela ne peut être qu’une supposition, madame Helseth. Vous ne pouvez pas savoir cela au juste.

mme helseth. — Vraiment, mademoiselle ? Eh bien, mademoiselle se trompe. Car, puisqu’il faut absolument tout dire, j’ai moi-même porté, dans le temps, une lettre à Mortensgaard.

rébecca, se retournant. — Pas possible !…

mme helseth. — Bien sûr que oui. Et cette lettre avait été écrite à Rosmersholm même.

rébecca. — Vraiment, madame Helseth ?

mme helseth. — Ma foi, oui. Et cela sur un beau papier fin, et cachetée d’un beau cachet rouge.

rébecca. — Et on vous l’a confiée ? En ce cas, chère madame Helseth, il n’est pas bien difficile d’en deviner l’auteur.

mme helseth. — Vraiment ?

rébecca. — Naturellement ça a dû être quelque fantaisie de malade de cette pauvre Madame Rosmer.