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ROSMERSHOLM

mme helseth. — Je l’ai bien remarqué. Et puis, n’y aurait-il pas quelque brouille entre lui et son beau-frère ?

rébecca. — À propos de quoi cette brouille ? Que croyez-vous ?

mme helseth. — Que sais-je ? Peut-être ce Mortensgaard les aura-t-il montés l’un contre l’autre.

rébecca. — C’est bien possible. Savez-vous quelque chose au sujet de ce Pierre Mortensgaard ?

mme helseth. — Comment mademoiselle peut-elle le supposer ? Un homme comme lui !

rébecca. — Vous pensez à ce vilain journal qu’il rédige ?

mme helseth. — Oh ! il y a encore autre chose. — Mademoiselle a bien entendu dire qu’il a eu un enfant avec une femme mariée abandonnée par son mari ?

rébecca. — On me l’a dit. Mais cela a dû se passer longtemps avant mon arrivée.

mme helseth. — Oh oui, il était tout jeune alors. Elle aurait dû être plus raisonnable que lui. Il voulait même l’épouser, mais cela n’a pas pu se faire et il a payé cher cette histoire. — Mais, depuis ce temps, Mortensgaard s’est relevé, ma foi, et maintenant il y a beaucoup de gens qui le recherchent.

rébecca. — La plupart des petites gens s’adressent à lui de préférence, quand ils sont dans l’embarras.