Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
ROSMERSHOLM

rébecca. — Je pense que notre amitié saura résister à n’importe quelle épreuve.

rosmer. — Oui, mais ce n’est pas exactement là ce que je voulais dire. Je parle de ce qui nous a rapprochés dès le commencement, de ce qui nous lie si fort l’un à l’autre, de notre croyance commune à la possibilité d’une chaste union entre homme et femme vivant ensemble.

rébecca. — Oui, oui, eh bien ?

rosmer. — C’est surtout à un genre de vie paisible et heureux que conviennent, n’est-ce pas, des relations de cette espèce, des rapports comme les nôtres ?

rébecca. — Eh bien ?

rosmer. — Or, ma vie sera désormais pleine de combats, d’inquiétudes et de fortes émotions. Car je veux vivre, Rébecca ! Je ne me laisserai pas terrasser par d’horribles suppositions. Je ne me laisserai pas imposer une ligne de conduite ni par les vivants, ni… par personne.

rébecca. — Non, n’est-ce pas, Rosmer ? Sois en tout un homme libre !

rosmer. — Comprends-tu maintenant à quoi je pense ? Dis ? Ne vois-tu pas ce qu’il y a à faire pour me débarrasser de tous ces souvenirs qui me rongent, de tout mon triste passé ?

rébecca. — Continue !