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ROSMERSHOLM

mortensgaard. — Ensuite elle dit, et ceci est passablement embrouillé, — qu’il n’existe pas, à son su, de relations criminelles à Rosmersholm et que jamais on ne lui a fait de tort. S’il circulait des bruits de ce genre, elle me supplie de ne pas en parler dans le Phare.

rosmer. — Elle ne nomme personne ?

mortensgaard. — Non.

rosmer. — Qui vous a apporté cette lettre ?

mortensgaard. — J’ai promis de ne pas le dire. Elle m’a été remise un soir, qu’il faisait déjà sombre.

rosmer. — Si vous vous étiez renseigné tout de suite, vous auriez su que ma pauvre femme n’était pas entièrement responsable de ses actes.

mortensgaard. — J’ai pris des renseignements, monsieur le pasteur. Mais il faut bien le dire : ce n’est pas exactement là l’impression que j’en ai gardée.

rosmer. — Vraiment ? — Au fait, pourquoi me révélez-vous aujourd’hui l’existence de cette lettre insensée ?

mortensgaard. — Pour vous conseiller d’être extrêmement prudent, monsieur le pasteur.

rosmer. — Dans ma manière de vivre, voulez-vous dire ?

mortensgaard. — Oui, il faut vous rappeler qu’à l’heure qu’il est vous n’êtes plus inattaquable.