Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
ROSMERSHOLM

dit de monter et que j’entendrais le reste de votre bouche.

rosmer. — Alors je vais vous l’apprendre moi-même : je me suis entièrement affranchi, libéré de tout lien. Je me trouve actuellement sans aucune attache avec l’Église et son enseignement. Désormais, ces choses là ne me regardent plus.

mortensgaard, le regardant abasourdi. — Non — si la lune tombait du ciel je ne serais pas plus surpris ! Le pasteur en personne abjure — !

rosmer. — J’en suis arrivé au point où vous vous trouvez depuis longtemps. C’est ce que vous pouvez publier demain dans le Phare.

mortensgaard. — Cela aussi ? Mon cher pasteur… Excusez-moi, mais voilà un côté de la question dont il vaut mieux ne pas parler.

rosmer. — Ne pas en parler ?

mortensgaard. — Pas tout de suite, du moins.

rosmer. — Je ne comprends pas.

mortensgaard. — Voyez-vous, monsieur le pasteur, vous n’êtes pas au courant de la situation comme moi. Mais, du moment où vous vous êtes associé à la cause libérale, et où vous voulez, comme disait tout à l’heure Mlle West, prendre part au mouvement, vous avez naturellement le désir d’être aussi utile que possible à ladite cause et audit mouvement.

rosmer. — Je le désire de tout mon cœur.