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ROSMERSHOLM

kroll, prenant son chapeau. — Je cède la place pour le moment. Mais le combat décisif n’est pas encore livré.

rosmer. — Aussi vrai que j’existe, Kroll, — je n’ai rien de commun avec Mortensgaard.

kroll. — Je ne te crois plus sur aucun point. Dorénavant je n’ai plus confiance en toi, sous aucun rapport. Maintenant, c’est une guerre au couteau. Nous allons bien voir, si nous ne réussirons pas à te mettre hors de combat.

rosmer. — Oh, Kroll, — comme tu es tombé bas !

kroll. — Moi ? Et c’est un homme comme toi qui dit cela ? Souviens-toi de Félicie…

rosmer. — Tu recommences !

kroll. — Non. C’est à ta conscience, si tu en as encore une, de sonder l’énigme qui se cache au fond du torrent.

Pierre Morstensgaard entre à pas lents et discrets par la porte de gauche. C’est un petit homme chétif, à la chevelure et à la barbe roussâtres, clairsemées.

kroll, avec un regard haineux. — Allons ! Voici le Phare — allumé à Rosmersholm. (Boutonnant sa redingote.) Je n’ai plus de doute sur la direction que je dois prendre.

mortensgaard, doucement. — Le Phare sera toujours allumé quand il s’agira de montrer le chemin à monsieur le recteur.