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ROSMERSHOLM

rosmer. — C’est possible. Mais moi aussi, je veux enfin prendre part au combat de la vie.

kroll. — Ce combat-là, — sais tu ce qu’il sera pour toi ? — Une lutte à mort contre tous tes amis.

rosmer, tranquillement. — Ils ne sont pas tous aussi fanatiques que toi, je pense.

kroll. — Tu es une âme naïve, Rosmer. Une âme sans expérience. Tu ne te doutes pas de la violence avec laquelle l’orage éclatera sur ta tête.

(Mme Helseth entr’ouvre la porte de gauche.)

mme helseth. — Mademoiselle fait demander…

rosmer. — Qu’y a-t-il ?

mme helseth. — Il y a quelqu’un en bas qui désire parler à monsieur le pasteur.

rosmer. — C’est peut-être le même homme qui est venu hier soir ?

mme helseth. — Non, c’est ce Mortensgaard.

rosmer. — Mortensgaard !

kroll. — Ah, ah ! Nous en sommes-là ! Nous en sommes déjà là !

rosmer. — Que me veut-il ! Pourquoi ne l’avez-vous pas renvoyé ?

mme helseth. — Mademoiselle a dit que je devais demander s’il pouvait monter.

rosmer. — Dites-lui qu’il y a quelqu’un chez moi.

krollMme Helseth). — Vous n’avez qu’à le laisser monter, madame Helseth.

(Mme Helseth sort.)