Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voilà-t-il pas le vieux qui fait un discours en l’honneur de madame Sœrby ?

jensen, avançant un fauteuil. — Est-ce vrai ce que dit le monde, qu’il y a quelque chose entre eux ?

petersen. — Dieu le sait.

jensen. — C’est que c’était un fameux paillard dans le temps, paraît-il.

petersen. — Peut-être bien.

jensen. — On dit que c’est pour son fils qu’il donne ce dîner.

petersen. — Oui. Il est revenu hier.

jensen. — Je ne savais pas qu’il eût un fils, M. Werlé

petersen. — Pour sûr, qu’il a un fils. Mais il ne bouge pas de là-haut, des usines d’Heydal. Je ne l’ai pas vu en ville une seule fois, depuis toutes les années que je sers dans la maison.

un domestique d’extra, à la porte du salon. — Petersen ! Il y a là un vieux bonhomme qui…

petersen, marmottant. — Bon ! Qui diable peut venir à cette heure ?

(On aperçoit le vieil Ekdal à la porte du salon. Il est vêtu d’une redingote râpée à col droit, porte des gants de laine, tient à la main un bâton et un bonnet de fourrure, et sous le bras un paquet dans du papier gris. Il porte une perruque sale, d’un rouge-brun et une barbiche grise.)

petersen, allant au-devant de lui. — Sapristi, — que venez-vous faire ici ?