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ROSMERSHOLM

de mon service obligatoire de citoyen. Et j’estime qu’il est du devoir de tout bon patriote, et de tout homme qui tient à voir triompher la bonne cause, d’en faire autant. Et voilà, mon cher Rosmer, le premier motif de ma visite de ce soir.

rosmer. — Mais, mon ami, que veux-tu dire ? Qu’attends-tu de moi ?

kroll. — Il faut venir en aide à tes vieux amis, faire comme les autres, mettre la main à l’œuvre et nous seconder de toutes tes forces.

rébecca. — Mais, recteur, vous connaissez M. Rosmer, et sa répugnance pour ces sortes de choses.

kroll. — Il est grand temps de la vaincre, cette répugnance. Tu ne suis pas assez le mouvement, Rosmer. Tu t’enfermes ici, tu t’enterres dans tes collections historiques. Mon Dieu, j’accorde tout le respect qui leur est dû aux arbres généalogiques et à tout ce qui s’en suit. Mais le temps n’est pas, hélas ! à ce genre d’occupations. Tu ne te fais pas une idée de l’état des choses dans la contrée. Toutes les notions sont bouleversées, il faudra un véritable travail d’Hercule pour détruire toutes ces erreurs.

rosmer. — Je le crois aussi. Mais ce genre de travail n’est pas fait pour moi.

rébecca. — Et puis, je crois que monsieur Rosmer voit maintenant plus clair dans la vie.

kroll. — Plus clair ?