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Les étiquettes d’idéaliste et de réaliste n’ont pas de sens pour Ibsen, l’idée et la réalité ne faisant qu’un pour lui. L’un et l’autre le possèdent jusqu’à l’obsession.

« J’éprouve un étrange sentiment de solitude à être ainsi séparé tout à coup d’un travail qui, durant plusieurs mois, a exclusivement occupé mon temps et mes pensées. Au demeurant, il est vraiment heureux qu’il soit fini. Cette communion constante avec des êtres d’imagination commençait, en effet, à me rendre passablement nerveux. »

J’ai tenu à citer ce passage d’une lettre que le poète m’a fait l’honneur de m’adresser après avoir envoyé à l’imprimerie le manuscrit de son dernier drame : ne fait-il pas bien comprendre l’imagination à la fois forte et naïve, et la conscience artistique de cet homme de génie ?…


M. Prozor.