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NOTICE
SUR ROSMERSHOLM




Dans ses drames modernes, Ibsen nous montre le résultat des conventions politiques et sociales qui étouffent l’individualité humaine et entravent notre libre développement. Pour ne citer que ses dernières pièces, Maison de Poupée traite de l’émancipation de la femme, les Revenants montrent le vice introduit au foyer par un marasme corrupteur qui empoisonne jusqu’aux germes de l’avenir, un Ennemi du Peuple revendique violemment les droits de l’individu en face des majorités triomphantes, le Canard sauvage, cette âpre et cruelle satire, indique symboliquement combien la gangrène est avancée et raille l’impuissance de quelques naïfs réformateurs qui prêchent la vérité à des gens vivant de mensonge et incapables de vivre d’autre chose.

En attaquant ainsi les politiciens libéraux et quelques apôtres, leurs alliés, Ibsen semblait avoir donné des gages aux conservateurs, qui s’étaient hâtés de l’applaudir. Il y avait là un malentendu que cet homme essentiellement indépendant a tenu à dissiper. Il l’a fait dans Rosmersholm avec une exquise délicatesse et des égards dont il n’est pas prodigue, on pour-