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tant, — le temps de lui dire que je n’ai jamais cessé de l’adorer.

relling. — Le cœur est touché. Hémorrhagie interne. Elle est morte sur place.

hialmar. — Et moi qui l’ai chassée comme une bête ! Effarouchée, elle s’est réfugiée là, dans ce grenier, et s’est tuée par amour pour moi. (Sanglotant.) Ne jamais pouvoir réparer cela ! Ne jamais pouvoir lui dire !… (Il se tord les mains et crie, en levant la tête.) toi, qui es là-haut — ! Si tu existes ! Comment as-tu pu me faire cela ?

gina. — Chut ! Ne dis pas de telles horreurs. Il paraît que nous n’avions pas le droit de la garder chez nous.

molvik. — L’enfant n’est pas mort. Il n’est qu’endormi.

relling. — Imbécile !

hialmar, plus calme, s’approche du sofa et, se croisant les bras, regarde Hedwige. — Elle est là, rigide et calme.

relling, cherchant à dégager le pistolet. — Elle le tient si ferme, si ferme.

gina. — Non, non, Relling, ne lui cassez pas les doigts. Laissez le pissolet tranquille.

hialmar. — Qu’elle l’emporte avec elle.

gina. — Oui, laissez-le-lui. Mais il ne faut pas que l’enfant reste là, comme pour se faire voir. Il