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grégoire, avec un peu d’étonnement. — Comment, tu es là, Hialmar ?

hialmar, se levant avec précipitation. — J’étais abîmé de fatigue.

grégoire. — Je vois cependant que tu as déjeuné.

hialmar. — La nature aussi réclame quelquefois ses droits.

grégoire. — Qu’as-tu résolu ?

hialmar. — Pour un homme comme moi, il n’y a qu’un chemin à prendre. Je m’occupe à rassembler ce que j’ai de plus précieux. Mais tu penses bien que cela demande du temps.

gina, avec quelque impatience. — Faut-il te préparer la chambre, ou veux-tu que j’emballe ?

hialmar, après avoir jeté un coup d’œil de travers à Grégoire. — Emballe et prépare la chambre.

gina, prenant la valise. — Bon, bon ! Je vais emballer la chemise et le reste.

(Elle entre au salon et referme la porte derrière elle.)
(Un instant de silence.)

grégoire. — Je n’ai jamais pensé que cela finirait ainsi. Est-il vraiment nécessaire que tu abandonnes ta maison, ton foyer ?

hialmar, marchant avec agitation. — Que veux-tu donc que je fasse, Grégoire ? Je ne suis pas fait pour être malheureux. Il me faut autour de moi du calme, du bien-être, de la sérénité.