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gina. — Pour sûr que je ne pense pas à m’en servir non plus.

hialmar. — Mais ce n’est pas une raison pour le laisser s’égarer. Dans le sens dessus dessous du déménagement, il pourrait bien arriver…

gina. — Je vais le mettre en sûreté, Ekdal.

hialmar. — Cette donation concerne en premier lieu mon père. C’est son affaire, s’il veut en faire usage.

gina, avec un soupir. — Ah oui ! ce pauvre vieux père.

hialmar. — Pour plus de sûreté. — Où trouverai-je un peu de colle ?

gina, s’approchant de l’étagère. — Tiens, voici le pot à colle.

hialmar. — Et un pinceau.

gina. — Voici le pinceau.

(Elle lui tend l’un et l’autre.)

hialmar, prenant des ciseaux. — Une petite bande de papier au revers de la feuille… — (Il découpe la bande et colle.) — Il ne saurait me venir à l’idée de m’emparer du bien d’autrui, surtout de celui d’un pauvre vieillard sans ressources. Ni de celui de l’autre, mon Dieu ! Tiens : laisse sécher ça quelque temps, Et, quand ce sera sec, enlève ce papier. Je ne veux plus jamais le voir, jamais !

(Grégoire entre par la porte du palier.)