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hedwige, se jette sur le sofa, en sanglotant. — Non, non, il ne reviendra jamais.

grégoire. Vous ne doutez pas, madame Ekdal, que j’ai voulu tout arranger pour le mieux.

gina. — Peut-être bien. Mais que Dieu vous pardonne tout de même.

hedwige. — Oh ! il me semble que ça me fera mourir. Que lui ai-je donc fait ? Maman, il faut que tu le ramènes !

gina. — Oui, oui, calme-toi. Je vais aller le chercher. (Elle met son manteau et son chapeau.) Il est peut-être entré chez Relling. Mais il ne faut pas pleurer comme ça. Tu me le promets ?

hedwige, dans une crise de larmes. — Je ne pleurerai plus, pourvu que papa revienne.

grégoire, à Gina qui veut sortir. — Ne vaut-il pas mieux le laisser soutenir jusqu’au bout son douleureux combat.

gina. — Ah bien ! il y pensera plus tard. Avant tout, il faut calmer l’enfant.

(Elle sort par la porte du palier.)

hedwige, s’asseyant et essuyant ses larmes. — Maintenant, il faut me dire ce qu’il y a. Pourquoi papa ne veut-il plus de moi ?

grégoire. — Il ne faut pas demander cela avant que vous soyez grande et raisonnable.

hedwige, sanglotant. — Je ne puis pourtant pas garder ce terrible chagrin sur le cœur jusqu’à ce