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hialmar. — Tu as la jouissance de cette somme ta vie durant.

hedwige. — Pense donc… tout cet argent qu’on me donne ! (Elle le secoue.) Papa, papa ! n’es-tu pas content, dis ?

hialmar, évitant son contact. — Content ? Oh, quelle vision, quelle perspective se déroule devant moi ! C’est Hedwige, oui, c’est bien elle qu’il dote si richement.

gina. — Mais oui : puisque c’est son jour de naissance à elle.

hedwige. — Et tu auras ça tout de même, papa. Tu comprends bien que je te donnerai tout cet argent, à toi et à maman.

hialmar. — À maman, oui ! Voilà l’affaire !

grégoire. — Hialmar, c’est là un piège qu’on te tend.

hialmar. — Tu crois que c’est un nouveau piège ?

grégoire. — Quand il est venu ce matin, il m’a dit : Hialmar Ekdal n’est pas l’homme que tu crois.

hialmar. — Pas l’homme que…

grégoire. — Tu verras bien, a-t-il ajouté.

hialmar. — Tu devais voir, n’est-ce pas, qu’on me désarmerait avec de l’argent ?

hedwige. — Mais, maman, qu’est-ce qu’il y a, dis ?

gina. — Va donc ôter ton manteau.

(Hedwige sur le point de pleurer, sort par la porte de la cuisine.)