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pas non. Mais il y a quelque chose qui révolte mon sentiment d’équité.

grégoire. — Qu’est-ce donc ?

hialmar. — C’est que… mon Dieu, je ne sais si j’ose m’exprimer si librement sur le compte de ton père.

grégoire. — Ne fais pas attention à moi.

hialmar. — C’est bien. Je te dirai donc qu’il y a quelque chose de révoltant, à mon avis, à voir que ce n’est pas moi, mais lui qui contracte en ce moment une véritable union conjugale.

grégoire. — Voyons, comment peux-tu dire cela ?

hialmar. — Mais oui, c’est ainsi. Ton père et madame Sœrby vont contracter un pacte conjugal basé sur une entière franchise de part et d’autre. Il n’y a pas de cachoteries entre eux, pas de mensonge derrière leurs relations. Si j’ose m’exprimer ainsi, ils se sont accordés l’un à l’autre indulgence plénière pour tous leurs péchés.

grégoire. — Eh bien, après ?

hialmar. — Oui, mais tout cela se tient. C’est sur la réunion de toutes les misères dont tu as été témoin ici qu’a été fondée cette véritable union conjugale.

grégoire. — Mais la situation est toute différente. Tu ne veux pas établir de comparaison entre elle et toi et ces deux… ? Allons, tu m’entends.

hialmar. — Je ne puis empêcher qu’il y ait là