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madame sœrby. — Vraiment ? Je ne sache pas que jusqu’à présent…

gina. — Non, Berthe, Hialmar n’a plus besoin de recevoir quoi que ce soit de M. Werlé.

hialmar, lentement, en appuyant sur les mots. — Présentez mes compliments à votre futur mari et dites-lui que je compte me rendre très prochainement chez son commis Graberg…

grégoire. — Comment ! Tu voudrais…

hialmar. — … Que je me rendrai chez Graberg, dis-je, pour demander le compte de ce que je dois à son patron. Je veux payer cette dette d’honneur… ; ha, ha, ha ! une dette d’honneur, ça ! Mais n’en parlons plus. Bref ! je veux tout payer, avec cinq pour cent d’intérêt.

gina. — Bon Dieu, mon cher Ekdal, où veux-tu que nous prenions tout cet argent ?

hialmar. — Veuillez dire à votre fiancé que je travaillerai sans repos à mon invention. Veuillez lui dire que ce qui soutient mon esprit dans ce travail forcé, c’est le désir de me libérer d’une obligation qui me pèse. C’est même là le mobile de l’invention. Tout le bénéfice sera employé à solder les avances de votre futur époux.

madame sœrby. — Il s’est passé quelque chose dans cette maison.

hialmar. — Oui, il s’y est passé quelque chose.

madame sœrby. — Eh bien ! adieu. J’aurais à