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gina, essuyant ses larmes. — Ne parle donc pas comme ça, Ekdal. Que le bon Dieu me préserve de vivre le jour où je serais veuve !

hialmar. — Oh ! peu importe ! Puisque tout est fini, maintenant. Tout !

(Grégoire Werlé ouvre prudemment la porte et regarde.)

grégoire. — Puis-je entrer ?

hialmar. — Oui, entre.

grégoire, s’avance, la figure épanouie, leur tendant les mains. — Eh bien ! Mes chers amis ! (Il les regarde l’un après l’autre, puis chuchote à Hialmar.) Ce n’est donc pas fait ?

hialmar, d’une voix sombre. — C’est fait.

grégoire. — C’est fait ?

hialmar. — J’ai vécu l’heure la plus amère de ma vie.

grégoire. — Mais aussi la plus pure, n’est-ce pas ?

hialmar. — Enfin, pour le moment, c’est fini.

gina. — Que Dieu vous pardonne, monsieur Werlé !

grégoire, avec un profond étonnement. — Je n’y comprends rien.

hialmar. — Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

grégoire. — Cette grande liquidation qui devait servir de point de départ à une existence nouvelle, à une vie, à une communauté basée sur la vérité, délivrée de tout mensonge.