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gina, allumant. — Et puis, nous ne pouvons pas savoir si c’est M. Werlé. C’est peut-être Graberg.

hialmar. — Graberg ? Pourquoi ce faux-fuyant ?

gina. — Enfin, je n’en sais rien, j’ai pensé…

hialmar. — Hum !

gina. — Souviens-toi que ce n’est pas moi qui ai procuré cette copie à grand-père. C’est Berthe, quand elle est entrée dans la maison.

hialmar. — Il me semble que ta voix tremble.

gina, posant l’abat-jour. — Ma voix ?

hialmar. — Tes mains tremblent aussi. Je ne me trompe pas.

gina, résolument. — Dis-moi ça franchement, Ekdal. Qu’est-ce qu’il t’a donc dit sur mon compte ?

hialmar. — Est-ce vrai, est-ce possible, qu’il y ait eu quelque chose entre toi et Werlé à l’époque où tu servais dans la maison ?

gina. — Ce n’est pas vrai. Pas cette fois-là. M. Werlé était après moi, ça c’est juste. Et madame a cru toutes sortes de choses. Alors elle a mis tout sans dessus dessous, un boucan d’enfer, quoi ! Elle m’a tiré les cheveux, elle m’a battue, et voilà. Après ça j’ai quitté le service.

hialmar. — C’est donc plus tard !

gina. — Oui, alors je suis rentrée à la maison, comme tu sais. Mère n’était pas si bien que tu pensais, Ekdal ; elle m’a chanté ceci et cela. À cette époque, M. Werlé était déjà veuf, tu comprends.