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dis que je l’épargne à cause de toi. Pas un cheveu ne tombera de… ; allons, je le répète : on l’épargnera. Il y a des devoirs à remplir, encore plus grands que ceux-là. Mais il est temps que tu sortes un peu, Hedwige, comme tu en as l’habitude. Le jour a baissé, c’est ce qu’il te faut.

hedwige. — Non, je ne me soucie pas de sortir en ce moment.

hialmar. — Si, il faut sortir. Il me semble que tu clignotes des paupières. Cela ne te fait pas de bien, tout cet air comprimé. Il y a sous ce toit une atmosphère épaisse.

hedwige. — Bon, bon, je descends par l’escalier de service et je remonte dans un instant. Mon manteau, mon chapeau ? Bon ! Ils sont dans ma chambre. Dis donc, papa, tu ne feras pas de mal au canard, pendant que je serai dehors.

hialmar. — Pas une plume ne tombera de sa tête. (La serrant sur son cœur.) Toi et moi, Hedwige, nous deux !… Allons, va-t’en.

(Hedwige fait un petit signe de tête à ses parents et sort par la cuisine.)

hialmar, marchant, sans lever les yeux. — Gina.

gina. — Plaît-il ?

hialmar. — À partir de demain, ou disons plutôt d’après-demain, j’aurais envie de tenir moi-même les comptes du ménage.