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relling. — Une perruque n’a encore empêché personne de faire son chemin. Au fond, tu es un homme heureux, Ekdal. Avec ce magnifique but d’existence que tu cherches à atteindre…

hialmar. — Et j’y travaille avec ardeur, tu sais.

relling. — Et puis, quand on voit ta femme si diligente, se dandinant sur ses hanches, glissant sur ses semelles de feutre, te préparant tout, veillant à tout ce qu’il te faut.

hialmar. — Gina, oui. (Il lui fait un signe de tête.) Tu es une bonne compagne sur le chemin de la vie, toi.

gina. — Voulez-vous bien cesser de bavarder sur mon compte.

relling. — Et ta petite Hedwige, donc, Ekdal ?

hialmar, ému. — L’enfant, oui ! L’enfant avant tout. Hedwige, viens près de moi. (Il lui caresse les cheveux.) Quel jour est-ce demain, dis ?

hedwige, le secouant. — Ne dis donc rien, papa !

hialmar. — Mon cœur saigne à la pensée qu’il y aura si peu de chose, rien qu’une petite fête au grenier.

hedwige. — Mais c’est justement ça qui sera joli !

relling. — Attends seulement, Hedwige, que la magnifique découverte ait vu le jour.

hialmar. — Oh alors ! — Tu verras bien ! Hedwige, je me suis décidé à assurer ton avenir. Tu seras heureuse jusqu’à la fin de tes jours. Je deman-