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hialmar. — Ouvre, Hedwige, grand-père veut rentrer.

(Hedwige entr’ouvre la porte. Le père Ekdal entre, portant une peau de lapin fraîchement enlevée. Hedwige referme la porte.)

ekdal. — Bonjour, messieurs. Chasse heureuse, aujourd’hui. J’en ai tué un grand.

hedwige. — Et tu lui as enlevé la peau sans m’attendre !

ekdal. — Je l’ai salé aussi, c’est bon, la viande de lapin, c’est tendre, c’est doux, on dirait du sucre. Bon appétit, messieurs.

(Il entre dans sa chambre.)

molvik, se levant. — Excusez ; je ne puis plus ; il faut que je descende.

relling. — Prenez de l’eau de Seltz, mon bonhomme.

molvik. — Oh ! oh !

(Il sort par la porte d’entrée.)

relling, à Hialmar. — Prenons un verre à la santé du vieux chasseur.

hialmar, trinquant. — Oui, à la santé d’un sportsman au seuil du tombeau.

relling. — À la santé de ses cheveux blancs. (Il boit.) Au fait, dis-moi, ses cheveux sont-ils gris ou blancs ?

hialmar. — Entre les deux. D’ailleurs, je crois qu’il n’en reste plus beaucoup sur son crâne.