Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grégoire. — En quoi consiste-t-elle cette découverte ?

hialmar. — Mon cher, il ne faut pas encore me questionner sur les détails. Cela demande du temps, vois-tu. Et puis, ne crois pas que ce soit la vanité qui me pousse. Ce n’est pas pour moi que je travaille. Oh non ! J’ai un but qui me préocupe nuit et jour.

grégoire. — De quel but parles-tu ?

hialmar. — Tu oublies le vieillard aux cheveux blancs.

grégoire. — Ton pauvre père ? Que pourrais-tu faire pour lui ?

hialmar. — Je puis réveiller en lui le sentiment de sa dignité, en couvrant de gloire et d’honneur le nom d’Ekdal.

grégoire. — C’est donc là le but de ton existence ?

hialmar. — Je veux sauver le naufragé ! Oui, il a fait naufrage, aussitôt que la tempête s’est déchaînée sur sa tête. Dès que ces terribles enquêtes ont commencé, il est devenu un autre homme. Tu sais, ce pistolet qui est là, le même avec lequel nous tuons des lapins, il a joué un rôle dans la tragédie de la famille Ekdal.

grégoire. — Le pistolet ? Vraiment ?

hialmar. — Quand le jugement a été prononcé,