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d’exercer ces pratiques sur sa femme, pour avoir un visage souriant à ses côtés, est, cela va sans dire, un impulsif, du moins dans une certaine mesure. Je sais bien que les médecins ont souvent, à cet égard, une mentalité particulière. Mais cela ne revient-il pas à dire que sa profession même rend plus d’un médecin impulsif ? C’est le cas de Wangel qui, s’il ne traite pas sa femme par les narcotiques, se traite, en tout cas, lui-même par les spiritueux ; on ne le voit pas en user sur la scène et ils n’influent sur rien de ce qu’il dit ni de ce qu’il fait pendant toute la durée de l’action. Mais ce n’en sont pas moins là des traits de caractère qui doivent se refléter dans sa physionomie : vivacité d’allures un peu fébrile, inquiétude, alternatives d’hésitation et de résolution subite. Avec cela, tout ce que comportent ses actes, qui peuvent s’élever jusqu’au sublime. C’est une vraie nature du Nord, de celles que Dostoievsky surtout nous a révélées, mais tempérée par un sentiment scandinave de devoir et de mesure, auquel n’échappent, chez Ibsen, que certains bohêmes, dont