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Mais le mystère est en dehors de cette existence. Il rend ceux qu’il possède le plus puissamment étrangers à elle, marchant comme dans une hallucination, obsédés, inquiétants. Pour les âmes tendres et vibrantes, comme celle de la petite Hilde, ils sont tantôt un objet d’agacement, tantôt un objet d’attraction, un stimulant, en tous cas, qu’il est bon ou mauvais, — on ne sait, — de rencontrer au seuil de l’existence. Une autre pièce, Solness le Constructeur, où nous retrouverons Hilde Wangel, nous montrera ce qui en résulte. Dans cette grande tragédie, qui ouvre la dernière période d’Ibsen, la puissance de fascination que Hilde transmettra, en quelque sorte, deviendra irrésistible et fatale. Dans la Dame de la Mer, elle est encore conjurée, étouffée par divers éléments auxquels, dans ses autres œuvres, le poète prête rarement ce pouvoir. Ellida Wangel, retrouvée par celui qui posséda son âme au temps où cette âme était plongée dans son atmosphère natale, l’air du libre océan, Ellida Wangel ne suit pas cet