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CATILINA

Et ne pourrai-je plus courir sur la route comme je l’aimai ?
Quelle étrange vie fut la mienne ! Quel singulier destin !
Tout arriva et tout s’enfuit comme une étoile filante ;
Catilina m’apparut,
Et aussitôt une force secrète nous rapprocha l’un de l’autre.
J’étais Némésis et lui ma victime,
Mais la catastrophe suivit de près la vengeance.

(Une pause.)

A présent il fait jour sans doute là-haut,
Et doucement je descends
De la lumière dans l’abîme,
Je le souhaite ainsi. Je voudrais que ce passage
Au tombeau ne fût qu’un essor, qu’une prise de vol
Vers le pays des ténèbres,
Et que bientôt je pusse m’approcher du large Styx.
Là, les vagues lourdes comme le plomb
Se brisent avec force contre le rivage,
Et silencieusement Caron prépare sa barque.
Bientôt je serai là, et sans paroles,
Je viendrai m’asseoir au point d’embarquement.
Alors je demanderai à chaque âme errante,
A chaque ombre vague arrivée du pays des vivants
Qui s’approchera à pas légers du fleuve funèbre,
Oui, je leur demanderai comment Catilina