Page:Ibsen - Catilina, trad. Colleville et Zepelin.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
CATILINA

Combien étroitement mesurée me paraît la place qui m’est faite !
Tout s’étiole entre ces murs
Où l’on est enseveli vivant,
Où sans espoir les jours s’écoulent uniformément,
Où la pensée ne peut concevoir
Aucune tentative audacieuse.

CATILINA

Ah ! Furia, combien troublantes me semblent tes paroles !
Elles sont l’écho qui répond à mes pensées
Et en traits de feu tu viens de peindre
Les brûlantes aspirations de mon âme.
La douleur déchire aussi mon cœur,
Et la haine l’a trempé et durci comme l’acier ;
A moi comme à toi on arracha l’espérance
Et ma vie comme la tienne est sans but,
Mais moi je dissimule et je souffre en silence,
Et personne ne sait de quel feu je brûle.
Mes misérables concitoyens me raillent et me méprisent,
Parce qu’ils ignorent combien vite mon cœur bat
Pour la justice et la liberté et pour tout ce qui
Jadis fit grande l’âme romaine.

FURIA

J’en étais sûre ! C’est pour moi,