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CATILINA

Que la vengeance et la haine seules
Fassent palpiter ta poitrine !

CATILINA, s'avançant.

Eh quoi ! n’auras-tu pour moi un sentiment plus doux,
O ma Furia ?

FURIA

Grands Dieux ! Imprudent ! encore ici ?
Tu ne redoutes donc rien… ?

CATILINA

Je ne connais pas la peur,
Mon plaisir est de jouer avec le danger.

FURIA

Oui, c’est une belle chose ! C’est mon plaisir aussi à moi,
Je hais précisément ce temple,
Parce que j’y vis dans une sûreté absolue
Et qu’aucun danger ne me guette derrière ces murailles.
Hélas ! cette existence morne et vide,
Ce mince filet de vie est aussi faible que le suprême vacillement
D’une lampe qui va s’éteindre,
Et avec mes larges rêves,
Mes désirs si ardents.